“Impressionnante manifestation” titre un des quotidiens alti-ligériens en rendant compte de la journée de grève et de manifestation du 23 mars. Et il y a de quoi, puisque ce sont à nouveau 15000 manifestants qui se sont retrouvés, plus déterminés que jamais, au lendemain du discours du Président de la République.
Il faut dire que le mépris et l’arrogance du petit monarque ont galvanisé. “Il ne pouvait pas y avoir de tract d’appel au 23 mars aussi efficace” ironisait un syndicaliste au petit matin sur un piquet de grève.
Comme cela est le cas depuis l’annonce du 49-3, ce 23 mars, les initiatives ont fleuri dès avant la manifestation.
On pouvait voir dès les premières heures du jour les engins EDF stationnés devant la Préfecture avec des banderoles appelant au retrait de la réforme.
Dès 6h à l’hôpital Sainte Marie, les équipes syndicales de la FO, de la CGT et de la CGC accueillaient leurs collègues assignés avec cafés et croissants. Une occasion aussi de convaincre les derniers hésitants de se joindre au mouvement. Des militants des autres hôpitaux, des UD sont venus leur prêter main forte. Une distribution du tract intersyndical a été organisée sur l’avenue de Montredon, reçue amicalement par les automobilistes.
Beaucoup d’entre eux avaient déjà d’ailleurs été servis puisque depuis 7h30, sur le rond point à côté de leur usine, les tanneurs en grève avaient eu aussi organisé un point d’information, rejoints par des lycéens.
Ceux-ci avaient commencé dès 7h30 un piquet de grève au lycée Simone Weil, avec les sections FO et FSU et des militants des Unions Départementales. Malgré la présence visible de la proviseure et des forces de l’ordre, ce sont plusieurs centaines qui n’ont pas rejoint leurs cours pour se joindre à la journée de grève avec leurs parents.
A 10h30, la Place Cadelade était plein ainsi que les avenues environnantes. La manifestation était émaillée de pancartes fustigeant le 49-3, la réforme, le président lui même.
Les slogans étaient du même acabit : “Ils sont minoritaires, on est majoritaires”, “49-3 on est toujours là, Macron retire ta loi”…
C’est aussi ce qu’a développé Vincent DELAUGE, pour l’Union Départementale FO :
“Mes chers camarades,
Nous sommes encore des milliers au Puy, et des millions dans le tout le pays, à avoir répondu à l’appel unitaire de toutes nos organisations syndicales lancé au soir de la décision du gouvernement minoritaire de passer en force par l’utilisation du 49.3.
Nos confédérations nationales ont raison, c’est bien le gouvernement qui porte la responsabilité de la crise sociale et politique qui découle de cette décision. Oui elles ont raison en déclarant qu’il s’agit d’un véritable déni de démocratie.
Monsieur Macron, c’est un échec pour votre gouvernement à légitimer un projet injuste et brutal, combattu par la grève dans le cadre de nos mobilisations historiques. Votre réforme est profondément illégitime : illégitimité sociale, illégitimité populaire et désormais illégitimité démocratique.
Regardez, Monsieur Macron, l’expression légitime de la majorité. C’est celle des millions de salariés en grève depuis le 19 janvier. C’est celle portée dans les plus de 2 000 rassemblements organisés avec les organisations syndicales depuis l’annonce du 49.3. C’est celle des dizaines de milliers de manifestants qui se mobilisent, tractent, partout, tous les jours depuis jeudi dernier. C’est celle de la jeunesse qui s’est mise en mouvement. C’est celle qui s’exprime dans les assemblées générales des universités. C’est celle des grèves qui s’étendent chez les éboueurs, dans les raffineries, dans les ports et les docks, dans l’énergie, à la SNCF, …
Tout ceci indique clairement que, nous, la grande majorité, nous, les millions de salariés, restons déterminés. Malgré vos tentatives brutales et anti démocratiques de passage en force, malgré votre répression, malgré l’instrumentalisation des forces de l’ordre et les réquisitions, nous restons déterminés.
Vous n’arriverez pas, Monsieur Macron, à désunir nos organisations syndicales ! Vous n’arriverez pas à diviser les salariés, les chômeurs, les jeunes, les retraités ! Il n’y a pas, Monsieur Macron, de bons ou de mauvais manifestant ! Il n’y a pas de bon ou de mauvais rassemblement ! Il n’y a que de la colère, une colère qui est, elle, légitime. Et c’est vous qui portez la responsabilité de son expression ! Vos manigances, vos mensonges et vos contrevérités ne marcheront pas !
Alors il est temps de stopper votre attitude jusqu’au-boutiste sur la réforme des retraites. Il est temps, Monsieur le Président, de sortir de votre tour d’ivoire, de ranger votre arrogance et votre mépris. Il est temps de tirer un trait sur votre réforme brutale et injuste.
Alors rien n’est plié, bien au contraire ! ! Nous vous rappelons :
- Qu’en 2006, malgré le vote par le 49-3 du Contrat Première Embauche, celui-ci n’a jamais été appliqué grâce à la poursuite des grèves.
- Qu’en 2020, le 49-3 avait été décidé pour la réforme des retraites à points, elle a finalement été retirée.
Nous allons continuer, partout, en utilisant nos armes : la grève et les manifestations. Nous apportons tout notre soutien à l’ensemble des travailleurs de tous les secteurs d’activités qui décideront de reconduire la grève. Partout, discutons avec les collègues, réunissons les salariés, décidons de la poursuite de la grève jusqu’au retrait de la réforme des retraites. Alors restons unis et déterminés ! Poursuivons le combat ! Oui nous pouvons gagner. Oui nous allons gagner !”